Lutte contre la corruption : la France en retard par rapport à plusieurs de ses voisins européens

Un nouveau rapport publié aujourd’hui par Transparency International révèle que les règles de transparence encadrant la vie politique et économique française ne sont pas à la hauteur de celles en vigueur dans plusieurs autres pays européens. Avec la Slovénie, la France est le seul pays où les déclarations de patrimoine et les déclarations d’intérêts des parlementaires ne sont pas rendues publiques !  

Intitulé Argent, pouvoir et politique : les risques de corruption en Europe, ce rapport compare l’efficacité des mécanismes anti-corruption de 25 pays européens, dont la France. Principale conclusion : 75% des parlements européens ont des mécanismes d’intégrité insuffisants ou mal appliqués.

Parlement, Exécutif, Justice : les maillons faibles du système d’intégrité français

Si aucun pays ne dispose d’un système de lutte contre la corruption totalement efficace, certains pays se distinguent néanmoins par des garanties plus solides : les pays scandinaves d’abord, suivis par l’Allemagne, la Finlande, la Suisse et le Royaume-Uni. 

La France ne fait pas partie de ces deux groupes d’Etats les plus performants. Son système national d’intégrité est situé sur le même plan que celui des Pays-Bas et de la Belgique. Bien que relativement solide, il se caractérise par certaines faiblesses, notamment au niveau du Parlement et de la protection des déclencheurs d’alerte. L’Exécutif et la Justice comptent aussi parmi les maillons faibles. Notre pays se distingue en cela des autres pays européens. 

Le Gouvernement et le Parlement français doivent pleinement mettre en  œuvre les engagements pris par le Président de la République François Hollande

Face à ce retard, le Président de la République François Hollande enverrait un signe fort en mettant pleinement en œuvre les engagements qu’il a pris en réponse aux 7 propositions de TI France pour renforcer l’éthique de la vie publique. C’est là une condition essentielle pour que la France rejoigne enfin le groupe des pays d’Europe les plus vertueux. Signalons qu’une première étape a déjà été franchie avec l’adoption, à l’issue du premier conseil des ministres, d’une charte de déontologie pour les membres du gouvernement. 

>> Retrouvez notre communiqué et les recommandations de TI
 

(vidéos) Le système d’intégrité en France et ses maillons faibles par Daniel Lebègue

Suite à la publication, la semaine dernière, de notre rapport sur le « système national d’intégrité » français, revenons avec Daniel Lebègue, Président de TI France, sur cet état des lieux inédit sur la lutte contre la corruption en France. Quels sont les maillons faibles de notre démocratie en matière de transparence et d’intégrité ? La réponse en image.


Un état des lieux inédit sur la lutte contre la… par TI_France

 


Les maillons faibles du système national d’intégrité… par TI_France

 

Lutte contre la corruption en France : le Parlement, l’Exécutif et la Justice à la traine

A la veille de la Journée mondiale contre la corruption, notre association rend public un état des lieux inédit sur la lutte contre la corruption en France. Du Parlement au monde de l’entreprise, en passant par l’Exécutif, la Cour des comptes, les médias ou encore la société civile, notre rapport « Système national d’intégrité » passe au crible 13 institutions au regard de leur rôle dans la lutte contre la corruption. Une étude similaire a été conduite simultanément par 25 autres sections de Transparency International en Europe.

L’implication des institutions françaises dans la lutte contre la corruption est globalement faible. Au-delà d’annonces symboliques, ce sujet n’est à ce jour clairement pas une priorité politique.

La palme de la transparence et de l’intégrité revient aux juridictions financières et aux organes de contrôle des élections, suivies de près par le secteur public et la société civile. A l’inverse, le Parlement, le pouvoir judiciaire, les forces de l’ordre et l’exécutif obtiennent les notes les plus basses.

Le rapport montre également que, si des lois existent, elles ne sont pas suffisamment appliquées. L’étude met ainsi en lumière un décalage récurent entre un cadre juridique ou institutionnel généralement satisfaisant et des pratiques qui ne suivent pas. De même, les organes dédiés à la lutte anti-corruption ont des pouvoirs d’investigation et de sanction trop limités pour être efficaces.

Afin que la lutte contre la corruption progresse, il est donc essentiel  de commencer par faire mieux respecter les règles déjà existantes et doter de réels moyens les institutions chargées de les contrôler. Les acteurs politiques français montreront ainsi que la lutte anti-corruption est – enfin – une priorité.

Mais si les efforts menés contre la corruption en France sont insuffisants, le rapport montre aussi que les acteurs publics n’en portent pas seuls la responsabilité. De nombreuses études révèlent en effet que les Français peuvent avoir une relation ambivalente à l’égard du favoritisme et de diverses formes d’arrangements et qu’ils sous-estiment parfois les effets délétères de la corruption sur le pacte social. Cela aussi doit changer !

Des recommandations inspirées de nos 7 propositions

Devant cet état des lieux, TI France émet un ensemble de recommandations qui reprennent et détaillent nos 7 propositions. A celles-ci s’y ajoutent des recommandations relatives à la protection des lanceurs d’alerte, au contrôle des comptes des assemblées et des partis politiques ou encore au développement du journalisme d’investigation.

Enfin, le rôle de la société civile et des entreprises françaises est également souligné : leur participation est essentielle pour susciter ce sursaut indispensable au rétablissement de la confiance des citoyens dans leurs institutions.

>> Retrouvez nos 12 recommandations prioritaires dans le communiqué du 8 décembre