Incriminations et financement des partis politiques en France : une mise en oeuvre insatisfaisante pour le GRECO

Le Groupe d’Etats contre la corruption (GRECO) a publié le 12 mars 2015 un rapport sur les incriminations et le financement de la vie politique en France.

Il s’agit d’un rapport intermédiaire qui fait suite au deuxième Rapport de conformité publié en novembre 2013. Ce dernier, publié avant l’adoption des lois post-Cahuzac, ne prenait pas en compte les évolutions législatives de 2013. A ce jour, la France a mis en œuvre (ou traité) de façon satisfaisante, seulement 5 des 17 recommandations du GRECO. S’agissant des 12 recommandations restantes, 10 ont été partiellement mises en œuvre et 2 n’ont pas été mises en œuvre. Le GRECO conclut que le niveau actuel de mise en œuvre reste “globalement insatisfaisant”.

S’agissant des incriminations, le GRECO note une avancée partielle sur la question de la prescription de par une décision jurisprudentielle importante rendue en novembre 2014. Mais globalement, il regrette une nouvelle fois l’absence de toute avancée significative.

S’agissant de la transparence du financement politique, le GRECO note avec satisfaction que la HATVP est entrée en existence au cours du premier semestre 2014 et que le nouveau dispositif génère d’ores et déjà quelques « mises au point » dans des cas individuels d’élus. Il s’agit là du seul progrès tangible qui permette de noter un progrès dans la mise en œuvre d’une des recommandations. Pour le reste, le GRECO regrette qu’aucune autre mesure ni réforme d’envergure n’ait été prise pour répondre aux attentes des recommandations encore pendantes (notamment dans les moyens de contrôle de la CNCCFP).

Ce rapport se présente comme un « carnet des échanges » entre le GRECO et les autorités françaises : le GRECO rappelle sa recommandation, les explications apportées par les autorités françaises (souvent, les mêmes que celles apportées pour le rapport 2013) et sa conclusion/recommandation. 

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Transparence de la vie publique : soutenons ceux qui sont prêts à jouer le jeu !

A l’occasion de la parution de l’Indice de Perception de la Corruption 2013, nous avons rendu public hier notre nouveau rapport sur la lutte contre la corruption en France. Pour la première fois, ce rapport dresse un bilan complet des lois votées en 2013 en matière de transparence et de lutte contre la corruption.

Hormis le report de la réforme sur l’indépendance de la justice, ce bilan est globalement positif. La question est maintenant de savoir si ces lois seront effectivement appliquées. En effet, trop de lois de moralisation de la vie publique votées dans le passé sous la pression des affaires sont restées lettre morte.

Il est donc essentiel de maintenir la pression pour que le gouvernement dote les nouvelles autorités des moyens nécessaires à leur mission et pour que les élus appliquent effectivement les nouvelles règles. Nous appelons également les citoyens à se mobiliser et à jouer pleinement leur rôle. 

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Lutte contre la corruption en France : le Parlement, l’Exécutif et la Justice à la traine

A la veille de la Journée mondiale contre la corruption, notre association rend public un état des lieux inédit sur la lutte contre la corruption en France. Du Parlement au monde de l’entreprise, en passant par l’Exécutif, la Cour des comptes, les médias ou encore la société civile, notre rapport « Système national d’intégrité » passe au crible 13 institutions au regard de leur rôle dans la lutte contre la corruption. Une étude similaire a été conduite simultanément par 25 autres sections de Transparency International en Europe.

L’implication des institutions françaises dans la lutte contre la corruption est globalement faible. Au-delà d’annonces symboliques, ce sujet n’est à ce jour clairement pas une priorité politique.

La palme de la transparence et de l’intégrité revient aux juridictions financières et aux organes de contrôle des élections, suivies de près par le secteur public et la société civile. A l’inverse, le Parlement, le pouvoir judiciaire, les forces de l’ordre et l’exécutif obtiennent les notes les plus basses.

Le rapport montre également que, si des lois existent, elles ne sont pas suffisamment appliquées. L’étude met ainsi en lumière un décalage récurent entre un cadre juridique ou institutionnel généralement satisfaisant et des pratiques qui ne suivent pas. De même, les organes dédiés à la lutte anti-corruption ont des pouvoirs d’investigation et de sanction trop limités pour être efficaces.

Afin que la lutte contre la corruption progresse, il est donc essentiel  de commencer par faire mieux respecter les règles déjà existantes et doter de réels moyens les institutions chargées de les contrôler. Les acteurs politiques français montreront ainsi que la lutte anti-corruption est – enfin – une priorité.

Mais si les efforts menés contre la corruption en France sont insuffisants, le rapport montre aussi que les acteurs publics n’en portent pas seuls la responsabilité. De nombreuses études révèlent en effet que les Français peuvent avoir une relation ambivalente à l’égard du favoritisme et de diverses formes d’arrangements et qu’ils sous-estiment parfois les effets délétères de la corruption sur le pacte social. Cela aussi doit changer !

Des recommandations inspirées de nos 7 propositions

Devant cet état des lieux, TI France émet un ensemble de recommandations qui reprennent et détaillent nos 7 propositions. A celles-ci s’y ajoutent des recommandations relatives à la protection des lanceurs d’alerte, au contrôle des comptes des assemblées et des partis politiques ou encore au développement du journalisme d’investigation.

Enfin, le rôle de la société civile et des entreprises françaises est également souligné : leur participation est essentielle pour susciter ce sursaut indispensable au rétablissement de la confiance des citoyens dans leurs institutions.

>> Retrouvez nos 12 recommandations prioritaires dans le communiqué du 8 décembre