Indépendance de la justice : Transparency International France exprime son inquiétude

Pendant la campagne présidentielle, François Hollande s’était engagé à renforcer l’indépendance de la justice en « réformant le mode de nomination des magistrats du parquet pour l’aligner sur celui des magistrats du siège » et en réformant le Conseil supérieur de la magistrature « afin de le soustraire aux influences politiques« . Cet engagement s’est traduit par la présentation par le Gouvernement de deux projets de loi. Leur adoption semble pour l’instant compromise.

En effet, face au refus des sénateurs de modifier la composition du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), le Gouvernement a été contraint de suspendre cette réforme le 4 juillet dernier. Les sénateurs ont par ailleurs supprimé une disposition prévue dans le projet de loi relatif aux attributions du garde des sceaux qui visait à interdire les instructions individuelles du ministre de la Justice. Cette disposition a heureusement été rétablie par la Commission des lois de l’Assemblée nationale et le projet est discuté en séance publique aujourd’hui et demain.

Alors que la France vient d’être condamnée une nouvelle fois par la Cour européenne des droits de l’Homme, nous exprimons notre inquiétude face à ces atermoiements et rappelons l’importance de mieux garantir l’indépendance de la justice

>> Lire notre communiqué dans son intégralité 

Ethique de la vie publique : les candidats aux législatives doivent eux-aussi s’engager

Le Président de la République élu le 6 mai dernier a pris des engagements précis en réponse à nos 7 propositions pour renforcer l’éthique de la vie publique.

Dans le cadre des élections législatives, nous appelons aujourd’hui l’ensemble des candidats à s’engager eux-aussi sur ces propositions. Les sénateurs sont également invités à les signer. Une moralisation de la vie publique ne sera en effet possible que si une large majorité de parlementaires y adhère et porte la question au sein du Parlement.

La liste des candidats et des sénateurs ayant signé nos propositions est rendue publique en temps réel sur ce blog : http://www.transparence-france.org/presidentielles2012/candidats-aux-legislatives-ayant-signe-nos-7-propositions/  

Citoyens, mobilisez-vous !
 
Aidez-nous à interpeller les candidats en leur demander de signer nos 7 propositions. Un modèle de message est disponible en ligne.
 

Déontologie du gouvernement : pour des déclarations d’intérêts précises

Comme François Hollande l’avait annoncé, l’une des premières mesures prises par le nouveau gouvernement est la signature d’une charte de déontologie. Cette charte, qui a pour objectif de restaurer la confiance des citoyens dans « ceux qui les gouvernent », doit être saluée. En effet, elle va bien plus loin – dans ses principes et dans les règles qu’elle instaure – que, par exemple, le code de déontologie des députés adopté par l’Assemblée nationale en avril 2011.

Cette charte comprend un ensemble de principes et de règles qui correspondent à plusieurs engagements pris par François Hollande en réponse à nos 7 propositions : interdiction du cumul des mandats, prévention des conflits d’intérêts et transparence du lobbying et consultation de la société civile.

A travers des règles de conduite précises, la charte souligne notamment la nécessité de prévenir tout soupçon d’intérêt privé. Pour ce faire, chaque ministre devra rendre publique une déclaration d’intérêts (à l’exception des informations concernant des tiers).

Pour que ces déclarations aient une réelle utilité, nous invitons le gouvernement à reprendre le dispositif proposé  par la Commission de réflexion pour la prévention des conflits d’intérêts dans la vie publique présidée par Jean-Marc Sauvé

Alors que les déclarations d’intérêts rendues publiques par les membres du Gouvernement de François Fillon en avril 2011 étaient lacunaires, le modèle de déclaration élaboré par la commission Sauvé demande en particulier :

– le détail des activités exercées actuellement et au cours des 5 dernières années,

– l’ensemble des participations financières,

– des informations sur les activités et les intérêts détenus par les proches (conjoint, enfant, parent)[1].

En rendant réellement transparents les intérêts détenus par les acteurs de la décision publique, ce modèle permet donc de s’assurer que, dans le cadre d’une décision publique, des intérêts personnels n’ont pas faussé l’impartialité des décideurs. 

Nous rappelons que cette mesure doit par ailleurs s’accompagner de l’obligation de s’abstenir de participer à une décision publique en cas d’intérêts personnels liés à la question abordée.

>> Pour une analyse détaillée de la charte de déontologie du gouvernement, cliquer ici


[1] Les conflits d’intérêts suscités par l’entourage posent de vraies questions. Si les proches d’hommes et de femmes politiques doivent pouvoir mener leur carrière professionnelle de manière autonome, le fait qu’ils puissent travailler dans des secteurs dépendants ou en rapport avec ceux de leurs conjoint/frère/sœur/parent peut être source de conflits d’intérêts. C’est d’ailleurs un conflit d’intérêts « familial » qui a mis le sujet à l’agenda public (cf. affaire Woerth-Bettencourt).