Par SHERPA et Transparence International France
Suite aux révélations de Robert Bourgi1, William Bourdon, avocat de TI France et président de l’association Sherpa, a demandé aux juges Grouman et Le Loire qui sont en charge de l’instruction de l’affaire dite des « biens mal acquis » de bien vouloir procéder à son audition. Les trois chefs d’Etat visés dans cette affaire font en effet parti des six qui auraient, selon M. Bourgi, financé les campagnes électorales de Jacques Chirac et d’autres hommes politiques français.
Il est très probable que le témoignage de M. Bourgi permette d’éclairer les magistrats instructeurs quant aux conditions dans lesquelles les trois chefs d’Etat visés par la plainte de TI France ont fait l’acquisition en France d’un certain nombre de biens mobiliers et immobiliers dont l’ampleur exclut qu’ils soient le produit de leurs seuls salaires et émoluments personnels. En tout état de cause, si les allégations de M. Bourgi venaient à être confirmées, on comprendrait mieux pourquoi le Parquet a fait preuve de tant d’obstination pour tenter, en vain, de classer l’affaire des biens mal acquis.
M. Bourgi disant par ailleurs avoir informé Nicolas Sarkozy dès 2005 des informations qu’il vient de livrer à la presse, l’Elysée devrait sans attendre confirmer si cette conversation a oui ou non bien eu lieu. Si tel était le cas, on comprendrait alors mal pourquoi le chef de l’Etat, alors Ministre de l’Intérieur, n’a pas informé la justice ainsi que l’article 40 du code de procédure pénale l’y obligeait. On comprendrait encore moins comment il a pu par la suite honorer de la plus haute distinction de la République2, un homme lui avait confessé avoir été pendant des années un maillon essentiel de la Françafrique et du contournement des lois sur le financement de la vie politique.
1 Révélation parues dans le Journal Du Dimanche du 11.09.11 relatives au financement occulte de campagnes électorales de Jacques Chirac par plusieurs chefs d’Etats africains.
2 En septembre 2007, Nicolas Sarkozy lui a remis les insignes de chevalier de l’Ordre national de la légion d’honneur.