Martin Hirsch soutient les propositions de Transparence International France

Voici le commentaire qu’il nous a adressé (disponible aussi sur le site Le Plus du Nouvel Obs : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/198900;corruption-il-faut-mettre-fin-a-ses-pratiques.html).

 

« Ces dernières semaines, j’ai mieux compris pourquoi la publication de ce petit livre « Pour en finir avec les conflits d’intérêts » avait suscité tant de violence et tant de gêne.

On peut avoir un profond respect pour la présomption d’innocence et ressentir un immense trouble face aux affaires où se mêlent mallettes de billets, vente d’armes internationales et campagnes électorales. Ce qui est terriblement déstabilisant dans ces affaires, c’est l’impression qu’il y aurait une porosité entre l’apparence la plus respectable de la vie publique française et un univers glauque d’intermédiaires louches, jonglant avec des fortunes, ignorant la loi et le fisc, réalisant une partie de leurs fortunes sur des marchés publics internationaux, cultivant l’intimité des puissants.

Interviewé il y a quelques jours sur ce que je pensais des rétro-commissions, je m’entendis répondre à mon indignation par une accusation de naïveté, selon le refrain bien connu : « l’armement, c’est de l’emploi et on ne peut vendre des armes avec les mains propres ».

Je n’arrive pas à me satisfaire de ce fatalisme, ni même à comprendre les ressorts de cette porosité. Quels sont les mécanismes psychiques qui peuvent conduire des hauts responsables publics, qui connaissent mieux que personne la différence entre ce qui est légal et ce qui est illégal, ce qui est autorisé et ce qui est pénalement répréhensible à nouer des liaisons si dangereuses ? Je ne me souviens pas que ce soit à l’ENA qu’on apprenne le financement illégal des campagnes électorales, le maniement des rétro-commissions, le paiement de ses vacances et voyages par des individus dont on ne peut faire la traçabilité de l’origine de leur fortune.

« Est-ce que tu t’imagines qu’on peut gouverner innocemment ?» interroge Hoederer dans les mains sales, montrant les siennes « plongées dans la merde et dans le sang ». Il n’y aurait rien de pire que de se laisser convaincre qu’on ne peut gouverner qu’avec les mains sales. Il n’y a rien de plus insupportable que de se résoudre à accepter que le financement occulte serait le prix à payer au fonctionnement de la démocratie. Il y a rien de vertigineux que de concevoir, qu’il est vraisemblable à défaut d’être démontré, qu’à une époque pas si lointaine, même au Conseil constitutionnel, ultime gardien de la loi, on a pudiquement fermé les yeux sur des comptes de campagnes bancals. Il n’y a rien de plus désespérant que de voir ces questions au centre du débat politique, non pas sur la manière de mettre fin aux pratiques, mais sur la manière dont elles peuvent être utilisées pour faire tomber le camp adverse, en espérant éviter les rétorsions.

Convaincu qu’il faut que tous ceux qui veulent mettre fin à ces pratiques, au-delà des clivages politiques et des nuances, j’ai décidé de soutenir le plaidoyer de Transparence international France pour pousser les candidats à l’élection présidentielle à s’engager en faveur d’une réelle éthique publique. Il ne faudra plus se contenter de bonnes intentions. Il ne faudra plus accepter de zones grises. Il faudra se donner les moyens de contrôler l’absence de dérives. Il faut désormais faire preuve d’intransigeance. »

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